Que faire de ses médicaments non utilisés ?

Vos médicaments non consommés ou périmés s’entassent dans l’armoire de votre salle de bain ? Une seule solution pour s’en débarrasser : les rapporter à la pharmacie. Un geste éco-citoyen, déjà adopté par plus d’un Français sur deux, qui limite le risque de pollution et d’intoxication.

En 2017, les Français ont rapporté en pharmacie plus de 11 083 tonnes de médicaments, soit 164 grammes par habitant. Un score légèrement inférieur à celui de l’année précédente, mais qui reste honorable selon Cyclamed, l’association en charge du recyclage et de la valorisation des médicaments non utilisés (MNU) depuis 1993. Actuellement, selon un sondage BVA mené en mars 2018, 78 % de la population affirment avoir adopté ce réflexe éco-citoyen et 55 % confient le pratiquer systématiquement. Entièrement financé par les laboratoires pharmaceutiques, le recyclage des MNU entre donc dans les mœurs de la majorité des foyers français. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle : jetés dans les poubelles d’ordures ménagères, les toilettes ou l’évier, ces produits risquent en effet de contaminer l’environnement. « Les études actuelles font état de la présence de résidus de médicaments dans les eaux usées urbaines (avant et après assainissement), les eaux de surface et les eaux souterraines. […] En Europe, environ 4 000 références pharmaceutiques utilisées pour des usages humains et vétérinaires sont susceptibles d’atteindre le compartiment environnemental », précise Cyclamed.

Risques sur la santé
 Mais stocker ses médicaments non utilisés à la maison multiplie également les risques « de confusion médicamenteuse pour les seniors et d’intoxication par ingestion accidentelle pour les enfants », poursuit l’association. Cyclamed conseille de faire le tri dans son armoire à pharmacie une à deux fois par an pour ne conserver que les traitements de base non périmés : aspirine, paracétamol, antiseptiques, pansements, crèmes contre les brûlures ou les piqûres d’insectes, antihistaminiques et anti-inflammatoires. Les autres médicaments (comprimés, gélules, poudre, pommades, crèmes, gels, sirop, ampoules, suppositoires, ovules, patchs, aérosols, spray, inhalateurs) devront être débarrassés de leur emballage carton et de leur notice – à jeter dans la poubelle du tri sélectif du domicile – avant d’être rapportés à l’officine. Celle-ci ne pourra pas les refuser : la récupération des MNU est une obligation légale pour tous les pharmaciens. En revanche, la collecte ne concerne pas les aiguilles et les seringues, les produits vétérinaires et de parapharmacie, les cosmétiques, les crèmes solaires, les lunettes, les prothèses, les thermomètres et les radiographies.

 

7 000 logements éclairés et chauffés grâce aux MNU
 Jusqu’en 2008, une partie des MNU non périmés étaient mis à disposition des organisations caritatives afin d’être distribuée dans les pays en voie de développement. Mais en raison de problèmes de détournements, de défaut de traçabilité des produits, d’inadaptation des médicaments aux besoins des populations locales ou de notices incompréhensibles pour les non-francophones, ce type de recyclage est désormais interdit. Une fois récupérés dans les pharmacies par les grossistes répartiteurs, dans le cadre de leur tournée de distribution de médicaments, les MNU sont ensuite uniquement acheminés vers l’un des cinquante-deux incinérateurs spécialisés répartis sur le territoire. Ils y seront détruits selon les règles environnementales pour produire de l’électricité. Ainsi, en 2007, « la revalorisation énergétique des médicaments non consommés a permis d’éclairer et de chauffer l’équivalent de 7 000 logements », affirme Cyclamed.

 

Que faire des produits hors circuit Cyclamed ?
 Certains produits ne rentrent pas dans le cadre du dispositif Cyclamed. C’est par exemple le cas des compléments alimentaires, des produits solaires et des cosmétiques qui peuvent être directement jetés dans la poubelle classique d’ordures ménagères. Même chose pour les dispositifs médicaux (lunettes, prothèses…), que l’on peut acheminer vers les associations humanitaires. Les radiographies sont quant à elles déposées en déchetterie, tout comme les tensiomètres et les thermomètres électroniques. Très polluants, les thermomètres au mercure ou à l’alcool doivent suivre un circuit dédié (se renseigner auprès du service environnement de sa commune). Enfin, les aiguilles et seringues (usagées ou non) sont collectées séparément dans les pharmacies partenaires de l’éco-organisme Dastri (www.dastri.fr).