Prendre soin de son cœur pour rester en bonne santé

Le cœur qui bat dans notre poitrine fournit un travail intense et continu, indispensable à la vie. Mais il n’en demeure pas moins fragile et certaines de nos mauvaises habitudes peuvent le maltraiter et contribuer au développement de maladies. Heureusement, il existe des solutions efficaces, qui ne demandent que quelques ajustements quotidiens, pour garder un cœur en pleine forme.

Au cœur de notre organisme 

Malgré son poids plume – moins de 300 grammes chez l’adulte – et sa petite taille, équivalente à celle d’un poing, le cœur est un muscle qui remplit une fonction essentielle : celle de propulser le sang dans tout l’organisme.

Chaque minute, cinq litres de sang transitent par cette pompe. « Le cœur est l’équivalent de la chaudière que nous avons dans notre maison, illustre le professeur Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHU de Lille et présidente honoraire de la Fédération française de cardiologie (FFC). Il a besoin d’électricité pour se contracter, pomper le sang et le diffuser vers les poumons pour l’oxygéner et ainsi que dans tout le corps pour nous réchauffer. Il utilise pour cela un circuit fermé : le système circulatoire. »

Le cœur exécute sa tâche au rythme de soixante à quatre-vingts battements par minute au repos, mais il peut accélérer fortement pour s’adapter à un effort physique intense.

Coeur

  • Des risques liés au mode de vie

Mais, parfois, il arrive que cette machine bien huilée s’enraye et des maladies cardiovasculaires apparaissent. En France, ces dernières constituent d’ailleurs la deuxième cause de mortalité pour les hommes, juste après les cancers, et la première pour les femmes.

«Le plus souvent, l’apparition d’une maladie de ce type résulte du dépôt de graisses sur les parois des artères, phénomène que l’on appelle l’athérosclérose, indique la cardiologue. Ces dépôts forment des plaques d’athérome et finissent par gêner la circulation du sang, comme c’est le cas lors d’une maladie coronarienne, par exemple. »

Heureusement, il est possible d’agir et de limiter son risque de développer de telles pathologies. « Dans 20 % des cas, elles sont liées à une anomalie génétique ou à l’hérédité, mais dans 80 % des cas, elles sont d’origine environnementale, c’est-à-dire causées par notre mode de vie, constate Claire Mounier-Vehier. Nous avons donc la possibilité de prendre en main notre capital santé. D’autant que dans le domaine cardiovasculaire, la prévention est primordiale et ce, dès le plus jeune âge. »

Il existe, en effet, plusieurs facteurs de risque bien identifiés sur lesquels il est possible d’agir.

  1. Premier ennemi pour notre cœur: le tabac qui détériore la paroi interne des artères et favorise la constitution de plaques d’athérome et la formation de caillots.
  2. Viennent ensuite l’hypertension artérielle qui fatigue le cœur, le cholestérol qui engendre, lui aussi, des plaques d’athérome, et le diabète qui multiplie par trois le risque de crise cardiaque et peut notamment entraîner des complications.
  3. Mais le stress aigu ou chronique, tout comme le surpoids et la sédentarité sont aussi délétères pour le système cardiaque: « le cœur est un muscle qu’il faut entraîner quotidiennement», rappelle le professeur.

Coeur malade

  • Des spécificités féminines

En plus de ces facteurs environnementaux, l’âge joue un rôle majeur. La probabilité d’avoir un accident cardiovasculaire augmente nettement après 50 ans chez l’homme et après 60 ans chez la femme.

Avant la ménopause, ces dernières sont d’ailleurs mieux protégées grâce aux hormones qu’elles produisent : les œstrogènes. Mais les évolutions des modes de vie tendent à réduire cet effet protecteur. Tabac, alcool, alimentation déséquilibrée, manque d’activité physique, surpoids, stress…

Les comportements des femmes se rapprochent de plus en plus de ceux des hommes. « Les femmes sont plus sensibles et elles ont également des facteurs de risques supplémentaires, observe Claire Mounier-Vehier. La contraception à base d’œstrogènes de synthèse (la plupart des pilules classiques, patchs cutanés et anneaux vaginaux) favorise par exemple la coagulation du sang et l’association avec l’hypertension artérielle et la cigarette renforce les risques d’obstruction des artères et des veines.

La grossesse, qui est de plus en plus tardive, est aussi à risque car, après 35 ans, le système vasculaire devient moins performant et la fabrication du placenta est donc moins bonne avec des conséquences vasculaires à court et long terme chez la mère et sur la croissance du fœtus.

Enfin, la ménopause est un moment charnière où il faut surveiller le poids (et notamment la circonférence abdominale), le cholestérol, le diabète et la pression artérielle pour rester le plus longtemps possible en bonne santé. »

Autre spécificité féminine, les symptômes en cas d’accident cardiovasculaire diffèrent. 
Chez l’homme, un infarctus du myocarde va entraîner une douleur dans le thorax qui irradie dans le bras gauche. Mais chez la femme, il peut se manifester par une douleur dans la poitrine ou dans l’épaule, par un essoufflement, par une fatigue persistante ou encore par des nausées. « Ces symptômes atypiques peuvent malheureusement engendrer un retard diagnostique », déplore la cardiologue avant d'ajouter : « Pour éviter de subir la maladie et ses conséquences, mieux vaut donc agir le plus tôt possible.»

  • Prévenir plutôt que guérir

«La première étape consiste à en parler avec son médecin traitant», considère-telle. Celui-ci prendra en compte différents paramètres (âge, pression artérielle, cholestérol, antécédents, tabagisme, poids, etc.) pour évaluer le risque individuel du patient et lui donner des conseils de prévention.

«Pour les fumeurs, la priorité est bien sûr d’accompagner l’arrêt du tabac, estime la cardiologue. Ensuite, il est préconisé d’avoir une alimentation équilibrée, de consommer des fruits et des légumes et de faire attention au sel et, notamment, aux sels cachés présents dans les plats préparés, la charcuterie, le pain et le fromage. Il faut par ailleurs limiter l’alcool, ne pas dépasser dix verres par semaine, avec un maximum de deux par jour, et avoir des jours sans consommation.»

L’activité physique régulière (marcher, prendre les escaliers, bricoler, faire du sport…) est également recommandée pendant au moins trente minutes tous les jours. Enfin, la gestion du stress fait aussi partie des mesures de prévention. « La pratique de la cohérence cardiaque qui permet d’apprendre à contrôler sa respiration a fait ses preuves, note Claire Mounier-Vehier. Mais on peut aussi pratiquer la méditation de pleine conscience ou encore le yoga, selon ses préférences.»

Bonne santé coeur

  • Les indicateurs à connaître

Plusieurs indicateurs permettent de faire le point sur sa santé et sur son risque cardiovasculaire :

  1. L’indice de masse corporelle (IMC). Il permet d’évaluer sa corpulence en divisant son poids (en kilogramme) par sa taille (en mètre) au carré. L’IMC idéal est compris entre 18,5 et 25 kg/m2. Un résultat inférieur est le signe d’une maigreur et, à l’inverse, un chiffre supérieur démontre un surpoids, voire une obésité.
  2. La tension artérielle.120/80 est considéré comme une valeur normale. Le chiffre le plus élevé est la pression maximale (systolique), lorsque le cœur se contracte pour se vider. Celui le moins élevé est la pression minimale (diastolique), lorsque le cœur se relâche pour se remplir. On parle d’hypertension au-delà de 140/90. u
  3. Le cholestérol. Le bilan lipidique prend en compte différents paramètres : le « bon » cholestérol HDL (dont le taux doit être inférieur à 0,6 g/l), le « mauvais » cholestérol LDL (inférieur à 1,6 g/l), le cholestérol total (inférieur à 2 g/l) et les triglycérides (inférieur à 1,5 g/l).
  4. La glycémie. La mesure, à jeun, du taux de sucre dans le sang doit être inférieure à 1,26 g/l.

Auteur : Léa Vandeputte Source : Le Mutualiste